Big Brother

Je sais que vous me regardez. Que vous m'observez. Je le sens.

Je le vois bien dans vos silences. Dans vos réponses. Dans vos présences.

J'ai fuit Big Brother. Je m'y jette à présent en connaissance de cause. Je l'assume. Avec plein d'air dans les poumons.

Big Brother, c'est vous. C'est chacun d'entre nous. La grand-mère qui observe les lycéens chaque matin. La boulangère qui salue toujours les même clients. Le facteur qui remarquent les absences aux fenêtres. Le professeur qui évalue les progrès de son élève. Le collègue qui prend quelques secondes de plus pour dire bonjour. Les amis qui me parlent à mi-mots de choses qu'on aurait jamais abordé auparavant.

Je ressens à la fois cette bienveillance. Mais également cette curiosité. Je me sens une bête exotique dans un cirque 1900.

J'accepte les règles du jeu.

Je vous observe. Je vous écoute. Je nous raconte.

Je découvre un nouveau niveau de relation. Coincé entre le je-sais-que-tu-sais-mais-on-n'en-parle-pas et le je-me-demande-si-tu-dis-ce-que-tu-dis-parce-que-tu-l'as-lu-ou-parce-que-tu-es-sincère.

Les conversations sont plus vraies, les propos plus sincères.

C'est savoureux et grisant à la fois.

Je crois que j'aime ça.

Alors on ne va pas s'arrêter là.